Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/135

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ainsi une forme et une couleur à sa peine. Puis elle la contemple, et, quand elle est bien pleine de l’ardent désir que ses yeux lui lancent, elle s’emporte contre elle-même, qui a attisé le feu où, triste, elle s’incendie. Quel argument raisonnable (peut) mettre un frein en moi, où une tempête si violente se déchaîne ? L’angoisse, qui n’est plus contenue au dedans (de moi), frémit si fort au dehors de (mes) lèvres, qu’on l’entend… ; et encore, à ces yeux, elle reconnaît tout leur mérite !

(Oh !) la figure ennemie, qui reste victorieuse et inhumaine, et maîtrise (mon) courage selon son caprice ! Son image seule me fait aller là où elle est en réalité, comme le semblable qui a coutume de courir au semblable. Je sais bien que la neige fond au soleil, mais je ne puis (rien) davantage ; je fais comme celui qui, sous le pouvoir d’un autre, va directement là où il trouve la mort. Quand je suis près, il me semble entendre des paroles dire : « Hé bien ! allons ! verras-tu mourir cet homme ? » Alors je me retourne, pour voir à qui (je puis) me recommander ; et je suis seulement poursuivi par ces yeux qui s’acharnent sur moi avec grande injustice.

Ce que je deviens, étant si rudement frappé, toi seul, Amour, peux le dire, et non moi, qui reste là à me contempler sans vie ; et si mon âme retourne ensuite à mon cœur, l’ignorance et l’oubli sont là avec elle, (venus) pendant qu’elle (la vie) était partie.