Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/144

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contre cette pierre, afin qu’elle ne me mène pas avec sa froideur là où je serai froid par la mort.

Seigneur, tu sais que par le froid piquant l’eau devient pierre cristalline sous (le souffle de) la bise, où règne un grand froid ; et l’air se change toujours en élément froid,—comme l’eau et la Dame,—dans cette région, par cause de la froidure. Aussi devant celte allure froide mon sang se glace sans cesse et toujours ; et le penser qui m’accourcit le plus le temps, dans moi se change tout entier en un corps froid (une larme ?) qui me sort ensuite par le milieu de la prunelle, là où pénétra l’impitoyable lumière.

En elle se réunit l’éclat de toute beauté ; aussi le froid de toute cruauté lui court par le cœur, où n’est pas ta lumière ; et c’est pourquoi à mes yeux elle brille si belle, quand je la contemple, que je la vois dans la pierre ou en tout autre lieu vers lequel je tourne mes regards. De ses yeux me vient la douce lumière qui fait que je ne prends souci d’aucune autre dame ; (c’est) comme si elle était la dame la plus compatissante envers moi, que je la proclame la nuit et le jour, seulement pour la servir en temps et lieu ; et ce n’est point pour’une autre que je désire vivre longtemps.

C’est pourquoi, ô vertu, toi qui es avant le temps, avant le mouvement, et (avant) la vive lumière, aie