Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/183

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Ma vie amoureuse s’enfuit derrière le désir qui m’attire à ma Dame sans la moindre réserve, et le grand versement de pleurs, qui me détruit quand ma vue contemple (cette) belle Dame, devient beaucoup plus abondant : et je ne saurais dire ce que, moi, je deviens. Je me rappelle alors que je voyais parfois ma Dame ; et sa figure, que je porte en dedans de moi-même, m’apparaît si vivement que j’en deviens mort. D’où je ne pourrais faire connaître mon état, (qui est) hélas ! que je ne voudrais jamais trouver qui me donnât réconfort, jusqu’à ce que je sois aperçu de son beau regard.

Tu n’es point belle, mais tu es miséricordieuse, ô ma Canzone nouvelle, et telle tu f en iras là où, par aventure, tu seras entendue de ma Dame : parlelui, respectueuse et craintive, en (la) saluant d’abord ; et puis tu lui diras comme quoi je n’espère jamais plus la revoir avant ma fin ;… parce que je ne crois pas avoir une bien longue vie.