Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/190

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sa beauté à elle-même, (se) montre pour leur donner sur-le-champ le salut : alors ils se fient à elle ; et lorsqu’ils se furent glissés sous son voile, la douce paix les changea en pleurs.

Moi, qui les entendais se douloir, comme l’affection (me) mène, nombre de fois je courus devant Elle. L’àme qui devait se tenir pour assurée, me donna quelque peu de vigueur, et je contemplai fixement les yeux de cette (Dame). Tu dois t’en souvenir, toi (Amour), qui m’appelas avec un air (si) doux (que) j’en espérai (un) allégement à mon plus grand fardeau ; car, aussitôt que la clef s’appuya sur moi, tu me plaignis avec un soupir (si) obligeante ! avec un air si plein de compassion, qu’à (ce) tourment je m’enflammai (encore) plus joyeux.

Par (cette) vue noble, lumineuse et charmante, je devins sujet soumis, et je trouvai agréable chacun de ses gestes, me glorifiant de servir une si noble Chose. J’ai laissé (ce que j’avais) de plus cher pour jeter mes regards sur cet éclatant prodige ; et il m’a rendu un si cruel dédain, pour me consumer du désir de l’avoir, que j’en défaillis. Elle cacha sa modestie sous le noble visage, d’où (m’) arriva dans le flanc la flèche qui m’avait frappé à vif : et elle se réjouissait de me voir dans la peine, uniquement pour éprouver si de toi venait (quelque) valeur.

Ainsi las, amoureux et abattu, je désirais la mort, comme la chance d’un différent martyre ; car les