Page:Dante - Rimes, 1847, trad. Fertiault.djvu/56

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que votre espoir ne se réalise que quand il me plaira. Là-bas est quelqu’un (Dante) qui s’attend à la perdre, et qui dira dans l’enfer aux damnés : J’ai vu l’espérance des bienheureux ! »

Ma Dame est désirée dans le plus haut des cieux. Maintenant je veux vous faire savoir quelque chose de sa supériorité, et je dis : « Toute dame qui veut paraître avec des manières nobles doit aller avec elle, parce que quand elle va par un chemin, Amour jette dans les cœurs corrompus un froid qui glace et détruit toutes leurs pensées. Celui qui se trouverait placé de manière à la voir, s’ennoblirait ou mourrait, et quand elle trouve quelqu’un qui soit digne de la regarder, celui-là éprouve le pouvoir de sa vertu ; s’il lui arrive qu’elle lui donne son salut, il en devient si modeste qu’il oublie toute offense. Dieu l’a (Béatrice) encore douée d’une grâce plus particulière, car celui qui lui a parlé ne peut pas mal finir. »

Amour dit d’elle : « Comment une chose mortelle peut-elle être si belle et si pure ? » Puis il la regarde, et affirme en lui-même que Dieu a l’intention d’en faire une chose merveilleuse. Couleur de perle imperceptible, et dans la mesure qu’il convient à une dame de l’avoir, elle a de la bonté autant que nature en peut produire : son aspect fait connaître la beauté ; de ses yeux, de quelque manière qu’elle les meuve, sortent des esprits enflammés d’amour, qui