Page:Dante Alighieri - La Vie nouvelle, traduction Durand Fardel.djvu/135

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les secrets de sa vie amoureuse, ou du moins ceux qu’il a voulu lui-même nous laisser entrevoir.

La Divine Comédie est une véritable confession (Ozanam). Mais celle-ci n’a pas été dictée, comme tant d’autres, par quelque vanité cynique ou par une perversion ou un défaut de sens moral. C’est bien la confession des premiers temps de l’Église, confession à haute voix et devant les fidèles assemblés, et dont les larmes et le repentir consacraient l’expiation.

Lorsque Dante, parvenu au sommet du Purgatoire, s’apprêtait à franchir les espaces célestes pour atteindre au Paradis le séjour des Bienheureux, il se trouva soudain en présence de Béatrice transfigurée. Ici se place une scène, peut-être un peu théâtrale, mais dont il serait difficile de méconnaître la tragique grandeur[1].

Ce n’était plus la jeune fille de Florence, couronnée et vêtue de candeur et de modestie, tanto gentile e tanto modesta. C’était une sainte d’une grandeur écrasante. Sa tête était recouverte d’un voile blanc ceint d’olivier ; elle portait un manteau vert sur un vêtement couleur de feu. Son aspect était fier et royal, et sa voix était celle du commandement. Et sa beauté surpassait la beauté qui surpassait déjà celle des autres, au temps où elle était encore avec elles.

  1. Ce qui suit est emprunté au Purgatoire de la Divine Comédie.