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pendait, en somme, le pouvoir de l’Église, tout fut mis en œuvre pour empêcher la femme de se délivrer des chaînes dont elle s’était liée. Il fallait avant tout s’opposer à ce qu’elle pût prendre conscience de sa force et de ses facultés. Ainsi, afin de rester maître de sa pensée, le prêtre remplit l’esprit de la femme de conceptions qui en paralysaient le pouvoir. Ses espoirs, il les relégua à un futur au delà de ce monde ; ses contemplations, il les dirigea vers le passé sous prétexte d’exemple salutaire, d’élévation d’âme, — en réalité afin de lui faire trouver dans ce passé une perpétuelle source de repentir et de grands désirs d’expiation. — Il l’a amenée à le prendre pour guide de sa vie présente et, indirectement, de la vie de ceux qui vivent autour d’elle ; et surtout à lui faire la confession pleine et entière de ses moindres actions. Et c’est ainsi, assure-t-on, que le prêtre parvint à tenir en son pouvoir ce merveilleux instrument de domination : la femme.

Peut-être. Moi, je ne sais pas. C’est la femme qui s’est livrée au prêtre ? Ça m’est égal. C’est le prêtre qui s’est emparé de la femme ? Je m’en moque. Nous n’avons pas, pour le moment, à savoir comment ces choses se sont produites. Nous avons à supprimer ces choses. Nous n’avons point à savoir si la femme d’église est une scélérate ou une dupe ; d’ailleurs, les dupes sont les pires des scélérats. Nous n’avons même pas à savoir si l’homme d’église est un coquin ; nous savons que c’est une coquine, et cela doit nous suffire. Nous savons que le prêtre est une gueuse, la procureuse du bon Dieu, une créature qui n’a aucun titre, physique ou moral, à la qualification d’homme. Un homme ne fait pas vœu de chasteté, ne se condamne point au célibat à perpétuité, ne se promène pas dans les rues avec une robe de chienlit, ne se fait pas le receleur moral des détrousseurs de malheureux, ne leur fournit pas toutes les fausses clefs et les couteaux empoisonnés dont ils ont besoin, et n’a pas pour métier d’absoudre le Crime qui vient de lui graisser la patte. Un homme ne représente pas Dieu sur la terre, ne l’avale point tous les matins,