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comme une huître, entre deux grands coups de vin blanc, et ne passe point son temps à déposer des pains à cacheter dans les gosiers de ses contemporains. L’imbécillité et l’infamie du sacerdoce sont de plus en plus apparents. Nietzsche n’exagérait pas quand il disait que le temps approche vite où le prêtre sera regardé partout comme le type le plus bas, le plus faux, le plus répugnant de toutes les variétés de l’espèce humaine. Et c’est justement parce qu’il est, à la connaissance de tous, le specimen le plus infect de la collection de types dégradés qu’a produits la civilisation présente, qu’il se trouve, de fait, à la tête de cette civilisation ; qu’il en est l’expression la plus complète, la plus exacte.

La civilisation d’aujourd’hui, c’est la civilisation chrétienne. Elle est anti-humaine, anti-naturelle, ne mérite même pas d’être discutée. C’est un long mensonge ; c’est une saleté. La mission de l’Église est de la maintenir par tous les moyens, per fas et nefas. La mission de ses victimes devrait être de la renverser ; ce qu’elles ont essayé de faire plusieurs fois, à dire vrai ; mais ce qu’elles paraissent avoir renoncé à tenter de nouveau. Car, après tout, la raison pour laquelle l’Église, qui est le meilleur, voire le seul soutien de l’horrible état de choses actuel, voit son pouvoir s’accroître tous les jours ; la raison pour laquelle elle est devenue si puissante en France, est excessivement simple : on lui permet d’exister. L’Église est forte parce qu’on la tolère.

Pourquoi tolère-t-on l’Église ? Les riches la tolèrent parce qu’ils en ont besoin ; les pauvres, parce qu’ils sont trop sots et trop veules pour se débarrasser de son joug. Du reste, ils ne se font pas la moindre illusion sur son rôle ; ils savent que sur toutes les croix qui souillent les places publiques, qui se dressent dans les palais de justice, dans les oratoires des honnêtes gens et même dans les boudoirs des putains, c’est le Déshérité d’aujourd’hui qui saigne et qui pantèle, et non un défroqué d’existence problématique qu’on donne comme le fils d’une vierge. S’ils veulent cesser de souffrir, il faut qu’ils descendent