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BUENOS AYRES.

qu’il n’ait pas le cou cassé. La lutte, il faut le dire, n’est pas tout à fait égale, car, tandis que le cheval tire du poitrail, le bœuf tire du sommet de la tête. Un homme, d’ailleurs, peut retenir de la même façon le cheval le plus sauvage, si le lazo a été le saisir juste derrière les oreilles. On traîne le bœuf à l’endroit où il doit être abattu ; puis le matador, s’approchant avec précaution, lui coupe le jarret. C’est alors que l’animal pousse son mugissement de mort, le cri d’agonie le plus terrible que je connaisse. Je l’ai souvent entendu à une grande distance, le distinguant au milieu d’une foule d’autres bruits, et j’ai toujours compris que la lutte était finie. Toute cette scène est horrible et révoltante ; on marche sur une couche d’ossements, et chevaux et cavaliers sont couverts de sang.