Page:Darwin - Voyage d’un naturaliste autour du monde, trad. Barbier, 1875.djvu/525

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
509
ILES DE CORAIL.

rieures de ces vallées à l’embouchure desquelles la bordure originelle de corail se trouvait interrompue.

Il est facile de comprendre comment il se fait qu’une île dont un côté seulement et les deux extrémités sont bordés par des récifs, puisse, après un affaissement longtemps continué, se convertir soit en un seul récif ressemblant à un mur, soit en un attol ayant un grand éperon, soit en deux ou trois attols reliés ensemble par des récifs droits ; or tous ces cas exceptionnels se présentent. Les Polypes qui construisent le corail ont besoin de nourriture, ils sont exposés à être dévorés par d’autres animaux ou à être tués par des sédiments, ils ne peuvent pas se fixer sur un fond peu solide et ils peuvent être entraînés dans des profondeurs où ils ne peuvent plus vivre, il n’y a donc pas lieu d’être surpris que quelques parties des attols et des barrières soient imparfaites. Le grand récif de la Nouvelle-Calédonie est imparfait et brisé en bien des endroits ; aussi, après un long affaissement, ce grand récif ne produirait pas un grand attol ayant 400 milles de longueur, mais une chaîne ou un archipel d’attols ayant presque les mêmes dimensions que ceux de l’archipel des Maldives. En outre, dès qu’un attol est interrompu, il est plus que probable que, la marée et les courants océaniques passant à travers ces ouvertures, les coraux ne peuvent pas, surtout si l’affaissement continue, réunir les deux côtés de l’ouverture pour former un cercle complet ; dans ce cas, à mesure que l’ensemble s’affaisse, cet attol se trouve divisé en plusieurs. Dans l’archipel des Maldives on trouve plusieurs attols distincts dont la position indique certainement un rapport tel, qu’il est impossible de ne pas croire qu’ils ont été autrefois réunis ; ils se trouvent cependant séparés les uns des autres par des canaux extrêmement profonds ; ainsi, par exemple, le canal qui sépare les attols de Ross et d’Ari a 150 brasses de profondeur, et celui qui sépare l’attol septentrional de Nillandoo de l’attol méridional a 200 brasses de profondeur. Dans ce même archipel l’attol Mahlos-Mahdoo est divisé par un canal ayant plusieurs bifurcations, profond de 100 à 132 brasses, de telle façon qu’il est presque impossible de dire si ce sont trois attols séparés ou si c’est un seul grand attol dont la séparation n’est pas encore terminée.

Je ne donnerai pas beaucoup d’autres détails ; je dois faire remarquer, cependant, que la curieuse conformation des attols septentrionaux des Maldives, si l’on prend en considération le libre accès de la mer dans leurs bords déchiquetés, s’explique faci-