Page:Daudet - Jack, I.djvu/150

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pousses tendres y trempaient leurs branches abandonnées.

Quelle promenade délicieuse !

Et le déjeuner !… Le déjeuner devant les fenêtres ouvertes, avec ces appétits de collégiens, inconscients et vivaces, s’attaquant à tout du même cœur. D’un bout du repas à l’autre, ce fut un long éclat de rire. Tout leur était prétexte, un morceau de pain qui tombait, la tournure du garçon ; et ces gaietés naïves allaient trouver dans les branches les premiers cris des oiseaux.

Puis le déjeuner fini :

— Si nous allions au Jardin d’acclimatation… proposa la mère.

— Oh ! la bonne idée, maman… Mâdou qui n’a jamais vu ça… c’est lui qui va s’amuser.

On remonta en voiture pour suivre la grande allée jusqu’à la grille. Dans le jardin presque désert, ils retrouvèrent l’impression tranquille de réveil et de fraîcheur que leur avait procurée le bois ; mais, pour les enfants, l’attrait était encore plus grand, de toute cette vie animale qui emplissait jusqu’au moindre taillis et les regardait passer avec des sauts contre les palissades, des yeux fins ou langoureux, et des mufles roses tendus vers la bonne odeur de pain frais qu’ils rapportaient du restaurant.

Mâdou, qui jusqu’alors s’était amusé pour faire plaisir à Jack, commença à s’amuser lui-même pour de bon. Il n’avait pas besoin de l’étiquette bleue qui donne