Page:Daudet - Jack, I.djvu/248

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là, humblement. Mais Jack tint à le faire asseoir dans la salle à manger :

— Allons, mon brave, mettez-vous là. Vous allez boire un verre de vin et manger un morceau.

L’autre ne voulait pas, se défendait. À la fin il se résigna et dit avec son bon sourire :

— Ma foi, mon petit monsieur, puisque vous y tenez, ça ne sera pas de refus. J’ai cassé une croûte tout à l’heure à Draveil, et vous savez, quand on sort de manger on a toujours un peu faim.

La mère Archambauld, qui en sa qualité de paysanne, femme de garde forestier, avait une sainte horreur des vagabonds, faisait la grimace ; mais elle mit tout de même sur la table une miche et un grand pot de vin.

— Là ! maintenant une tranche de jambon, commanda Jack d’un ton résolu.

— Mais vous savez ben que Monsieur n’aime pas qu’on touche au jambon, dit la mère Archambauld en bougonnant. En effet, le poëte était très gourmand, et il y avait dans le garde-manger des morceaux exprès pour lui, qu’on lui réservait.

— C’est bon, c’est bon, donnez toujours, fit le petit Jack qui n’était pas fâché de jouer un peu au maître de maison. La brave femme obéit, mais elle se retira ensuite fièrement dans sa cuisine pour protester.

Tout en remerciant, l’homme mangeait d’un bel appétit. Le petit lui servait à boire, le regardait cou-