Page:Daudet - Jack, I.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que je n’ai vu mon frère. Ça me fera une occasion d’aller me retremper au feu de ma vieille forge, triple Dieu !

En parlant, il retroussait sa manche, gonflant à les crever les muscles de ses gros bras tout tatoués et velus.

— Il est superbe, fit le docteur Hirsch.

Mais d’Argenton, qui ne perdait pas de vue celle qui pleurait debout à la fenêtre, avait pris une figure distraite et un sourcil terriblement froncé.

— Tu peux te retirer, Jack, dit-il à l’enfant, et te préparer à partir dans huit jours.

Jack descendit, ahuri, stupéfait, se répétant à lui-même : « Dans huit jours ! dans huit jours ! » La porte de la rue était ouverte. Il s’élança dehors, tête nue, comme il était, courut à travers Étiolles jusqu’à la porte de ses amis, et, rencontrant le docteur qui sortait, le mit en deux mots au fait de ce qui venait de se passer.

M. Rivals fut indigné.

— Un ouvrier ! Ils veulent faire de toi un ouvrier ! C’est ce qu’ils appellent s’occuper de ton avenir. Attends, attends. Je m’en vais lui parler, moi, à monsieur ton beau-père.

Ceux qui les virent passer dans le pays, le brave docteur parlant haut, gesticulant, le petit Jack sans chapeau, tout essoufflé de sa course, se dirent : « Il y a quelqu’un de malade aux Aulnettes. »