Page:Daudet - Jack, II.djvu/55

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vaillance vertueuse, la confiance de cette brave fille dans son amour, dans ses qualités de ménagère pour lui conquérir, après la noce, ce joli mari acheté à prix d’or.

En le voyant pleurer, elle eut un élan de joie.

— Ah ! je leur disais bien, moi, qu’il n’était pas méchant et que je n’aurais qu’à lui montrer ma grosse vilaine figure, que les larmes ont tant rougie depuis hier, pour lui toucher le cœur, pour lui faire dire : « Tout de même, cette pauvre Zénaïde, que j’ai vue si heureuse de se marier qu’elle en dansait de joie devant son armoire, j’ai eu tort de lui faire de la peine. » C’est vrai qu’hier matin, quand j’ai tenu ma cassette dans la main, pas plus lourde qu’une poignée de neige, j’ai cru qu’on m’avait pris mon cœur, tellement je me sentais, là, dans la poitrine, un grand vide qui a toujours duré depuis… N’est-ce pas, Jack, mon ami, que vous voulez bien me rendre ma dot ?

— Mais je ne l’ai pas, Zénaïde, je vous jure.

— Non, ne me dites pas ça à moi. Vous n’avez pas peur de moi, n’est-ce pas ? Je ne vous fais pas de reproches. Dites-moi seulement où est mon argent. Il doit en manquer un peu, je pense bien ; mais qu’est-ce que ça fait ? Nous savons ce que c’est que les jeunes gens ; il faut que ça s’amuse. Ah ! ah ! ah ! vous avez dû les faire sauter les écus de papa Roudic. Tant mieux, pardi ! Mais dites-moi où vous avez mis le reste.

— Par pitié, Zénaïde, écoutez-moi. Je n’ai pas