Page:Daudet - L'Évangéliste, 1883.djvu/130

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l’éclusier tout en guidant ses convives vers le déjeuner… « C’est pas sa faute à ce pauvre vieux… C’est celle du château… Depuis qu’ils l’ont adjuré, il a toujours plus d’argent qu’il ne lui en faut.

Adjuré ?… Comment ça ?…

– Ben oui… Chaque fois qu’il va au temple et qu’il communie, la dame de Petit-Port lui donne quarante francs et une redingote… C’est ça qui le perd, ce garçon. »

*

L’auberge de l’Affameur, un peu au-dessus de l’écluse, se voit de loin, perchée sur sa terrasse qu’ornent à chaque coin des tonnelles en treillage et tout un étalage de jeux en plein vent, tir aux macarons, jeux d’anneaux, de tonneau, le portique vert d’une balançoire où pendent le trapèze et la corde à nœuds. Accueillis en entrant par la bonne odeur du pot-au-feu qu’on mettait tous les jours pour la Chaîne, les invités trouvèrent l’hôtesse, Mme Damour, en train d’installer leur couvert dans une petite salle réservée, aux murs crépis, très propres. L’hôtesse, fort nette aussi, avec une figure sérieuse, presque