Page:Daudet - L’Immortel (Lemerre 1890).djvu/215

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donc garde à ma robe, » de cette voix aigre de la femme dont on chiffonne l’ajustement. Ah ! il s’en moquait un peu, de sa robe.

« On m’a volé, madame, » fit-il, et si violemment que les vitres en tremblèrent.

Ah ! mon Dieu… les autographes !… Elle n’y pensait plus, en ce moment surtout, brûlée plus fort d’autres inquiétudes, et son étonnement n’eut rien de joué.

Volé, oui, ses Charles-Quint, ses trois plus belles pièces… Mais déjà sa voix perdait la violente certitude de l’attaque, ses soupçons hésitaient devant la surprise d’Adélaïde. Elle pourtant s’était remise : « Qui pensez-vous ?… » Corentine lui semblait une fille sûre… à moins que Teyssèdre… Mais comment supposer que cette brute…

Teyssèdre ! Il en cria, tant la chose lui parut évidente. Sa haine l’aidant contre l’homme à la brosse, il s’expliquait le crime très bien, le suivait à la trace depuis un mot dit à table sur la valeur de ces manuscrits, ramassé par Corentine, innocemment répété… Ah ! le scélérat, avait-il bien une tête de criminel, et quelle folie de résister à ces avertissements de l’instinct. Ce n’était pas naturel, voyons, l’antipathie, la haine que lui inspirait ce frotteur, à lui, Léonard Astier, membre de l’Institut ! Son compte était bon, le babouin. On lui en ferait manger des galères, « Mes trois