Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/107

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aux oreilles, les dragons redoublaient ; il y avait du sortilège là dedans. Le dirai-je ? à la dernière sonnerie, ma femme s’est levée en criant : « Je n’y tiens plus ! » et la voilà sautant au cou du plus grand de vos dragons. Je viens demander justice, monsieur le major.

le major.

Monsieur le bourgmestre, le cas est très-grave ; — veuillez me passer mon haut-de-chausses ; — très grave, monsieur le bourgmestre ; — mes bottes, s’il vous plaît ; — révolte de dragons bleus, hum ! hum ! c’est une affaire importante ; — donnez-moi maintenant ma veste et mon gilet, et mon grand sabre, avec son ceinturon, sans oublier ma sabretache ; nous allons de ce pas à la caserne, demander quelques explications à ces braves gens.

le bourgmestre.

Croyez-vous ma présence nécessaire, cher major ?

le major.

Nécessaire ? c’est indispensable qu’il faut dire ; — vous, madame votre épouse, et tous ceux qui étaient sur l’esplanade avec vous. — Tenez, bourgmestre, prenez-moi cette hachette et ce yatagan, en cas d’insurrection.