Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les amoureux, s’arrêtant devant une tombe.

Tiens ! voilà de jolies fleurs ; si nous en cueillions quelques-unes ?… Les belles roses. Personne ne nous voit.

le rossignol.

Oh ! fi donc ! Voilà qui est mal ; voler ces pauvres morts !

les rossignols.

Tais-toi, bavard, et laisse-nous faire. (Ils chantent)

Quelquefois, sous la couche froide
Où la mort le tient étendu,
La face blême et le corps roide,
Un défunt se dresse éperdu

Avec des douleurs indicibles,
Il sent, dans l’ombre du tombeau,
Comme des ongles invisibles
Arracher son cœur par lambeau.

Passant, passant, c’est toi qui causes
Cette épouvantable douleur ;
Quand aux morts on vole leurs roses.
On arrache plus qu’une fleur.