Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/45

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seils et des méchantes idées que tu nous as mises hier dans la cervelle ; ma pauvre Marie a taché de vert sa robe blanche ; sa mère a tout deviné et l’a mise au couvent.

Chaperon-Rouge.

Est-ce fini ? Vous n’avez plus rien à dire ?

tous.

Que te faut-il davantage ?

Chaperon-Rouge.

Écoutez-moi, mes enfants, écoutez-moi quelques minutes. Je ne suis point le démon pernicieux et malin pour lequel vous voulez bien me prendre, et j’éprouve un profond chagrin de tous les malheurs qui vous arrivent. Êtes-vous tant à plaindre, du reste ? Chacun de vous me doit une journée adorable, qui n’a duré que vingt-quatre heures, il est vrai, mais ce n’est point par ma faute. Ne vaudrait-il pas mieux accepter vos maux présents en souvenir des bonheurs passés, vous résigner un peu et me remercier beaucoup ? Telle que vous me voyez, mes pauvres amis, je vais payer dans quelques instants mes plaisirs d’hier et de cette nuit. Un loup est là qui s’impatiente à m’attendre, et pour évi-