Page:Daudet - Le Roman du chaperon rouge, Lévy, 1862.djvu/46

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ter sa dent cruelle, je ne puis rien faire, hélas ! Il est dans ma destinée de Chaperon-Rouge d’accepter cette mort sans me plaindre ; — imitez mon exemple, chers enfants, et ne regrettez jamais un plaisir, si cher que vous ayez pu le payer : le bonheur n’a pas de prix ; il n’y a que des sots pour le marchander. Et maintenant je me livre à votre vengeance, faites de moi ce que vous voudrez.

tous.

Si jolie et si malheureuse ! Comment pourrions nous lui en vouloir ?

Chaperon-Rouge.

Là ! j’en étais bien sûre que vous ne me feriez pas de mal ; vous êtes des enfants, de bons enfants, et je veux vous laisser un souvenir de moi. (Quittant ses boucles d’oreilles.) Une cerise pour chacun. Tenez, et gardez les jusqu’à demain… C’est bien long, n’est-ce pas ?… Allons, adieu, mes amis, et songez quelquefois au Chaperon-Rouge. (S’adressant au fou.) Et toi ! veux-tu venir m’embrasser un brin, un dernier brin ?

le fou, gambadant sans l’entendre.

Alors le colibri dit à la princesse : Le moment est venu de nous séparer… Tra la la la, deri deri, la la.