Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/107

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— Tu sais, petit, la première île sur le Rhône, en aval des Abrieu… mais ceci entre nous, il faut que personne à Castelet ne se doute de rien encore…

— Pas même Divonne, mon oncle ? demanda Fanny en souriant…

Au nom de sa femme, les yeux du Fénat se mouillèrent :

— Oh ! Divonne, je ne fais jamais rien sans elle. Elle a foi dans mon idée d’ailleurs, et serait si heureuse que son pauvre Césaire refît la fortune de Castelet, après en avoir commencé la ruine.

Jean frémit ; allait-il donc faire sa confession, raconter cette lamentable histoire des faux ? Mais le Provençal tout à sa tendresse pour Divonne, s’était mis à parler d’elle, du bonheur qu’elle lui donnait. Et si belle avec ça, si magnifiquement charpentée :

— Tenez, ma nièce, vous qui êtes femme, vous devez vous y connaître.

Il lui tendait un portrait-carte, tiré de son portefeuille, et qui ne le quittait jamais.

À l’accent filial de Jean quand il parlait de sa tante, aux conseils maternels de la