Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien ! moi qui ai juré de ne pas revenir sans cette fleur, je ne puis pourtant pas rapporter une parmentière… Allons, je le vois, je ne rapporterai rien du tout, pas même ma tête. Je vais faire passer mon nom à monsieur de la Convention et me faire expédier sur-le-champ où il en a envoyé tant d’autres… J’ai des titres !… Quel malheur ! tout allait si bien, mes contrebandiers devaient m’attendre sur la côte, au crépuscule je n’avais qu’à les rejoindre… et maintenant… comme c’est triste ici, pour une fleur qui manque !… ces arbres sont affreux… et ce mur ? est-il sinistre, ce mur !… et cette maison ?… Oh ! mon Dieu ! qu’ai-je vu, là, sur la fenêtre ?… Superbe ! Comme il est beau il me sourit… Tiens !… (Il emvie un baiser à la fleur qui est sur la croisée, moule rapidement les quatre marches de l’escalier, puis se hausse pour essayer de la prendre.)



Scène V


LE MARQUIS, VIDAL, VIRGINIE.


vidal, entrant par la gauche.

Je lui ai dit de nous rejoindre ici.

le marquis, sur l’escalier.

Jour de Dieu ! je suis pris. (Il se baisse derrière la rampe.)

virginie

Tu as raison, c’est plus court par là, pour aller au village.