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de faire descendre mes malles et de dire aux postillons d’atteler.

claire, àAndré.

C’est impossible !… il ne peut pas s’en aller ainsi.

andré Il faut VOUS occuper de ce départ, Claire ; moi, je n’en aurais pas le courage. (Ils sortent par la porte de gauche.)


Scène VII


DOMINIQUE, seul.


Pleurez, pleurez…, toutes vos larmes ne me fléchiront pas. Votre maison n’est plus la mienne et je n’y saurais rester une minute de plus. N’y songez pas ; c’est impossible ! (Triste.) Impossible !… C’eût été bien bon, pourtant, de vivre ici, presque à côté d’elle, d’aller lui porter des fleurs chaque jour et de les lui offrir à genoux. Ah ! dites-moi tout ce que vous voudrez, dites-moi qu’il n’y a plus rien là-dedans, que l’âme s’est envolée, que celle que j’aime est là-haut ! (Où, là-haut ? C’est si grand, là-haut !) Moi, je ne vous répondrai qu’une chose : c’est qu’on a mis Suzanne là, et qu’à l’idée de m’éloigncr de là, je sens tout mon cœur qui se brise… (Il pleure, debout, devant la croisée qui donne sur la eampagne.)