Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/189

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homme voulut teuter une dernière épreuve et voir s’il pourrait vivre à côté des deux époux. Et alors, il revint, et alors… et al… Non ! décidément cette histoire est trop triste… Je n’irai jamais jusqu’au bout… (Silence.)

andré, s’approchant de lui.

Dominique, mon frère, au nom de notre vieille affection…

dominique, sans l’écouter.

Tu voulais savoir pourquoi j’étais parti ce fameux soir d’il y a quatre ans ; maintenant, tu le sais. (Baissant la voix.) Je suis parti, parce que tu m’as dit que tu l’aimais ; mais tu as menti, tu ne l’aimais pas ! Ah ! c’est que j’ai le droit d’être difficile… Voyons, crois-tu que j’aurais fait ce que tu as fait, moi ? Si j’avais eu comme toi le bonheur de posséder ce trésor ; si, comme toi, j’avais eu la douleur de le perdre, aurais-je songé à le remplacer ! Dis, le crois-tu ?… Voilà ! moi, je l’aimais, et toi, tu ne l’aimais pas. (Brusque.) L’as-tu rendue heureuse, seulement ? Ah ! c’est que je te connais, maintenant !… j’ai fait le tour de ton cœur. Tiens, il est grand comme ça, ton cœur.

andré

Dominique, je t’en supplie, tais-toi… tais-toi… Je ne puis pas t’entendre plus longtemps me parler de la sorte.

dominique

Oh ! j’ai fini ; tu ne m’entendras plus. J’ai dit tout ce que j’avais à dire. Maintenant, je vous prie