Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/405

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rose.

Il a que c’était au-dessus de ses forces de renoncer à son Arlésienne. Il a que cette lutte l’épuise… que cet amour le tue.

marc.

Tout ça ne nous dit pas de quoi il meurt. On meurt d’une pleurésie, d’un palan qui vous tombe sur la tête, emporté par un coup de mer ; mais, que diable !… un garçon de vingt ans, solidement amarré sur ses ancres, ne va pas se laisser glisser pour une contrariété d’amour…

rose.

Tu crois, Marc ?…

marc, riant.

Ah ! ah ! il faut venir en Camargue pour rencontrer encore ces superstitions-là. (Légèrement.) Écoutez ceci, sœurette ; c’est la romance à la mode cet hiver à l’alcazar Arlésien… (Avec prétention.)

Heureusement qu’on ne meurt pas d’amour,
Heureusement (bis) qu’on ne meurt pas d’amour.

(Un silence de mort.)
balthazar, dans la cheminée.

Ça chante bien, les tonneaux vides.

marc.

Hein ?…

rose.

Ta chanson est une menteuse, Marc. Il y a des beaux vingt ans qui meurent d’amour, et même le