Page:Daveluy - Les holocaustes, 1935.djvu/143

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La jeune femme avait obtenu de son mari la permission de ne pas le quitter, de l’accompagner partout où il irait. Cependant, durant l’entrevue avec M. de Maisonneuve, elle avait demandé d’être conduite à l’hôpital, où Charlot viendrait la reprendre. Mademoiselle Mance possédait toute son estime et plus que sa confiance. Depuis son arrivée à Ville-Marie, plusieurs fois elle s’était entretenue longuement avec elle. Au sortir de ces visites, il lui semblait avoir recouvré la paix, avec une sorte d’attendrissement de toute l’âme. Elle avait été comprise totalement, et cela sans qu’elle eût prononcé beaucoup de paroles. La perspicacité de la grande infirmière de Ville-Marie avait vite pénétré l’état de son âme aimante. Elle mettait je ne sais quel baume apaisant sur sa sensibilité trop souvent meurtrie par une vie déjà traversée de deuils et de difficultés de toutes sortes.

Jeanne Mance reçut la jeune femme avec sa réconfortante affection. Elle la conduisit dans sa chambre, l’assit en un bon fauteuil, placé juste en face d’un petit tableau reproduisant les traits du baron Gaston de Renty, l’un des fervents associés du Montréal naissant, décédé en odeur de sainteté il y avait huit ans, à peine, et