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Page:Daveluy - Une Révolte au pays des fées, 1936.djvu/59

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LE CONVOI DE MINUIT

tège. En un bond, Petite Poucette lui eût sauté sur l’épaule. Il fallait empêcher une intervention maladroite, mal préparée. Pour le moment, en tous cas, le plus sage était de mettre au courant de la situation la folle tête de Don Quichotte. Que n’entreprenait pas, ce noble champion, une fois ses sentiments protecteurs éveillés ? Et quels extraordinaires moyens de venir en aide ne trouvait-il pas le plus souvent ? Il fallait toujours y mettre de l’ordre, sinon, des ennemis pas du tout idéalistes, et au sens pratique, faisaient servir les moyens du chevalier à leurs fins, en riant bien fort de leur dupe déconfite.

Don Quichotte eut un sursaut en recevant sur lui le poids léger de Petite Poucette. Puis, devant la frimousse anxieuse de la fillette, il se mit à rire.

« Hé ! hé ! dit-il, ma jolie naine-princesse, quelle mouche vous pique !… C’est mal choisir votre moment pour me parler. Ne voyez-vous pas ce lamentable convoi là-bas ?… Je veux voler au secours de malheureux que l’on va assassiner, sans doute, dans quelque coin de cette forêt immense… Allons, petite, remontez sur votre arbre. Vous y étiez tout à l’heure, n’est-ce pas ?

— Seigneur Don Quichotte, ne me forcez pas à m’éloigner. Écoutez-moi quelques instants. Vous ne le regretterez pas. Ah ! comme vous pouvez être utile, en ce moment, aux amis imprudents de Petite Poucette !

— Tiens, ce seraient donc vos amis que l’on entraîne dans quelque guet-apens ?

— Hélas !

— Vous avez eu raison, en votre peine, ma petite enfant, de vous adresser à moi, l’invincible chevalier er-