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Page:Daveluy - Une Révolte au pays des fées, 1936.djvu/65

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les sorciers de l’île d’orléans

gneur, bon Sancho, apprenez que nous sommes sur les rives du fleuve Saint-Laurent, et que, de l’autre côté de l’immense nappe d’eau canadienne, se dresse la fameuse île d’Orléans, appelée jadis, par les terriens de ces contrées, l’Île des Sorciers. « De qui tenez-vous tout cela, Poucette, me demandez-vous, sans doute ? » Voilà. C’est le papa très savant de Louison et de Cloclo, mes amis, qui m’a appris cela. Nous avons survolé très bas toute cette île, dans l’avion de l’Oiseau bleu, lors de notre arrivée au Canada. Nous nous hâtions d’atterrir aux environs du camp enchanté des chevaliers, le vôtre par conséquent, Seigneur. L’Oiseau bleu avait raison, combien raison de prononcer avec force votre éloge. Depuis que je vous connais et vous entends, messire chevalier, je ne puis que l’approuver fort, allez.

— Grand merci, princesse Poucette, cet hommage me va au cœur, s’empressa de dire Don Quichotte, qui s’inclina sur sa monture au risque d’en tomber.

— Grand merci pour mon illustre maître, ajouta de sa voix de stentor, Sancho Pança. Il ôtait son bonnet encore et encore, regardant avec admiration ce petit bout de femme diplomate. « Hé ! hé ! son chevaleresque seigneur se laisserait bientôt conduire par le bout du nez par cet être minuscule, il voyait venir cela. Les femmes sont des êtres bien étranges, bien mystérieux ! pensait-il tout bas. Que vaut la force de nos bras, ou de notre cervelle, en face de leur finesse ou de leur beauté ? Oui, qu’elles soient naines, comme celle-ci, ou colosses comme madame mon épouse, nous ne pouvons rien, rien contre elles, dès qu’elles se décident de n’en faire qu’à leur tête, là !…