Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/144

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exception celle de tous les Américains, tant de ceux qui habitent la zone torride, que de ceux qui y naissent dans les zones tempérées et glaciales. Quelques-uns les joues peintes en rouge ; il nous a paru que leur langue était douce, et rien n’annonce en eux un caractère féroce. Nous n’avons point vu leurs femmes, peut-être allaient-elles venir ; car ils voulaient toujours que nous attendissions, et ils avaient fait partir un des leurs du côté d’un grand feu, auprès duquel paraissait être leur camp à une lieue de l’endroit où nous étions, nous montrant qu’il en allait arriver quelqu’un. L’habillement de ces Patagons est le même à peu près que celui des Indiens de la rivière de la Plata ; c’est un simple braqué de cuir qui leur couvre les parties naturelles, et un grand manteau de peaux de guanaques, attaché autour du corps avec une ceinture ; il descend jusqu’aux talons, et ils laissent communément retomber en arrière la partie faite pour couvrir les épaules ; de sorte que, malgré la rigueur du climat, ils sont presque toujours nus de la ceinture en haut. L’habitude les a sans doute rendus insensibles au froid ; car, quoique nous fussions ici en été, le thermomètre de Réaumur n’y avait encore monté qu’un seul jour à dix degrés au-dessus de la congélation. Ils ont des espèces de bottines de cuir de cheval ouvertes par-derrière, et deux ou trois avaient autour du jarret un cercle de cuivre d’environ deux pouces de largeur. Quelques-uns de nos messieurs ont aussi remarqué que deux des plus jeunes avaient de ces grains de rassade dont on fait des colliers. Les seules armes que nous leur ayons vues sont deux cailloux