Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/169

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interruption. Elle dura presque toute la journée du 30. A cinq heures du matin, nous sortîmes du port et nous traversâmes à la voile avec un grand vent et une mer très grosse pour notre faible embarcation. Nous ralliâmes le continent à peu près à égale distance du cap Holland et du cap Forward. Il n’était pas question de songer à y reconnaître la côte, trop heureux de la prolonger en faisant vent arrière et en portant une attention continuelle aux rafales violentes qui nous forçaient d’avoir toujours la drisse et l’écoute à la main. Il s’en fallut même très peu qu’en traversant la baie Française un faux coup de barre ne nous mît le canot sur la tête.

Enfin j’arrivai à la frégate environ à dix heures du matin. Pendant mon absence, M. Duclos-Guyot avait déblayé ce que nous avions à terre et tout disposé pour l’appareillage ; aussi nous commençâmes à démarrer dans l’après-midi.

Le 31 décembre, à quatre heures du matin, nous achevâmes de nous démarrer, et à six heures nous sortîmes de la baie en nous faisant remorquer par nos bâtiments à rame. Il faisait calme ; à sept heures il se leva une brise du nord-est qui se renforça dans la journée et fut assez claire jusqu’à midi, le temps alors devint brumeux avec de la pluie. A onze heures et demie, étant à mi-canal, nous découvrîmes et relevâmes la Cascade, le Pain de sucre, le cap Forward, le cap Holland.