Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/172

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que décrivait le Psalmiste en disant : nir, grando glacies, spiritus procellamm. J’avais envoyé le 3 un canot pour tâcher de découvrir un mouillage à la Terre de Feu, et on y en avait trouvé un fort bon dans le sud-ouest des îles Charles et Montmouth ; j’avais aussi fait reconnaître quelle était dans le canal la direction des marées. Je voulais avec leur secours, et ayant la ressource de mouillages connus, tant au nord qu’au sud, appareiller même avec vent contraire : mais il ne fut jamais assez maniable pour me le permettre. Au reste, pendant tout le temps de notre séjour ici, nous y remarquâmes constamment que le cours des marées dans cette partie du détroit est le même que dans la partie des goulets, c’est-à-dire que le flot porte à l’est et le jusant à l’ouest.

Le 6 après midi, il y avait eu quelques instants de relâche, le vent même parut venir du sud-est, et déjà nous avions désaffourché ; mais, au moment d’appareiller, le vent revint à ouest-nord-ouest avec des rafales qui nous forcèrent de réaffourcher aussitôt. Ce jour-là nous eûmes à bord la visite de quelques sauvages.

Quatre pirogues avaient paru le matin à la pointe du cap Galant et, après s’y être tenues quelque temps arrêtées, trois s’avancèrent dans le fond de la baie, tandis qu’une voguait vers la frégate. Après avoir hésité pendant une demi-heure, enfin elle aborda avec des cris redoublés de Pécherais. Il y avait dedans un homme, une femme et deux enfants. La femme demeura dans la pirogue pour la garder, l’homme monta seul à bord avec assez de confiance et d’un air fort gai. Deux autres pirogues suivirent l’exemple de la première, et les hommes entrèrent dans la frégate avec les enfants. Bientôt ils y furent fort à leur aise. On les fit chanter, danser, entendre des instruments et surtout