Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/182

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les arbres offraient une verdure assez brillante, mais qui ne suffisait pas pour dissiper la tristesse qu’avait répandue sur nous le coup d’œil continué de cette région funeste. Le caractère le plus gai serait flétri dans ce climat affreux que fuient également les animaux de tous les éléments, et où languit une poignée d’hommes que notre commerce venait de rendre encore plus infortunés.

Il y eut le 18 et le 19 des intervalles dans le mauvais temps ; nous relevâmes notre grande ancre, hissâmes nos basses yergues et mâts de hune, et j’envoyai le canot de L’Étoile, que sa bonté rendait capable de sortir presque de tout temps, pour reconnaître l’entrée du canal de la Sainte-Barbe. Suivant l’extrait que donne M. Frezier du journal de M. Marcant qui l’a découvert et y a passé, ce canal devait être dans le sud-ouest et sud-ouest-quart-sud de la baie Elisabeth. Le canot fut de retour le 20, et M. Landais, qui le commandait, me rapporta qu’ayant suivi la route et les remarques indiquées par l’extrait du journal de M. Marcant, il n’avait point trouvé de débouquement, mais seulement un canal étroit terminé par des banquises de glace et la terre, canal d’autant plus dangereux à suivre qu’il n’y a dans la route aucun bon mouillage, et qu’il est traversé presque dans son milieu par un banc couvert de moules. Il fit ensuite le tour de l’île de Louis-le-Grand par le sud et rentra dans le canal de Magellan, sans en avoir trouvé aucun autre.