Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/187

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boisées, et la verdure des arbres adoucit l’aspect des cimes gelées des montagnes. Le cap Quade doublé, le pays change de nature. Le détroit n’est plus bordé des deux côtés que par des rochers arides sur lesquels il n’y a pas apparence de terre. Leur sommet élevé est toujours couvert de neige, et les vallées profondes sont remplies par d’immenses amas de glaces dont la couleur atteste l’antiquité. Narborough, frappé de cet horrible aspect, nomma cette partie la Désolation du Sud, aussi ne saurait-on rien imaginer de plus affreux.

Lorsqu’on est par le travers du cap Quade, la côte des Terres de Feu paraît terminée par un cap avancé qui est le cap Mundai, lequel j’estime être à quinze lieues du cap Quade. À la côte du continent, on aperçoit trois caps auxquels nous avons imposé des noms. Sa figure nous fit nommer le premier le cap Fendu. Les deux autres caps ont reçu les noms de nos vaisseaux, le cap de l’Étoile à trois lieues dans l’ouest du cap fendu et le cap de la Boudeuse dans le même gisement et la même distance avec celui de L’Étoile. Toutes ces terres sont hautes et escarpées ; l’une et l’autre côte paraît saine et garnie de bons mouillages. Le détroit dans la longue rue peut avoir deux lieues de largeur, il se rétrécit vis-à-vis le cap Mundai, où le canal n’a guère plus de quatre milles. A neuf heures du soir, nous étions environ à trois lieues dans l’est-quart-sud-est du cap Mundai. Le vent soufflant toujours de l’est grand frais, et le temps