Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/209

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dans toute l’étendue de la côte il règne, sur les bords de la mer, au pied du pays haut, une lisière de terre basse et unie, couverte de plantations. C’est là qu’au milieu des bananiers, des cocotiers et d’autres arbres chargés de fruits, nous apercevions les maisons des insulaires.

Comme nous prolongions la côte, nos yeux furent frappés de la vue d’une belle cascade qui s’élançait du haut des montagnes, et précipitait à la mer ses eaux écumantes. Un village était bâti au pied, et la côte y paraissait sans brisants. Nous désirions tous de pouvoir mouiller à portée de ce beau lieu ; sans cesse on sondait des navires, et nos bateaux sondaient jusqu’à terre : on ne trouva dans cette partie qu’un platier de roches, et il fallut se résoudre à chercher ailleurs un mouillage. Les pirogues étaient revenues au navire dès le lever du soleil, et toute la journée on fit des échanges. Il s’ouvrit même de nouvelles branches de commerce ; outre les fruits de l’espèce de ceux apportés la veille et quelques autres rafraîchissements, tels que poules et pigeons, les insulaires apportèrent avec eux toutes sortes d’instruments pour la pêche, des herminettes de pierre, des étoffes singulières, des coquilles, etc. Ils demandaient en échange du fer et des pendants d’oreilles. Les trocs se firent, comme la veille, avec loyauté ; cette fois aussi, il vint dans les pirogues, quelques femmes jolies et presque nues. À bord de L’Étoile, il monta un insulaire qui y passa la nuit sans témoigner aucune inquiétude.

Nous l’employâmes encore à louvoyer ; et, le 6 au matin, nous étions parvenus à l’extrémité septentrionale de l’île. Une seconde baie s’offrit à nous ; mais la vue de plusieurs brisants, qui paraissaient détendre le passage entre les deux