Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/233

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l’arbre qui porte le fruit à pain : c’est un bois qui ne se fend point ; mais il est si mol et si plein de gomme qu’il ne fait que se mâcher sous l’outil.

Au reste, quoique cette île soit remplie de très hautes montagnes, la quantité d’arbres et de plantes dont elles sont partout couvertes ne semble pas annoncer que leur sein renferme des mines. Il est du moins certain que les insulaires ne connaissent point les métaux. Ils donnent à tous ceux que nous leur avons montrés le même nom d’aouri, dont ils se servaient pour nous demander du fer. Mais cette connaissance du fer, d’où leur vient-elle ? Je dirai bientôt ce que je pense à cet égard. Je ne connais ici qu’un seul article de commerce riche ; ce sont de très belles perles. Les principaux en font porter aux oreilles à leurs femmes et à leurs enfants ; mais ils les ont tenues cachées pendant notre séjour chez eux.

Ils font, avec les écailles de ces huîtres perlières, des espèces de castagnettes qui sont un de leurs instruments de danse.

Nous n’avons vu d’autres quadrupèdes que des cochons, des chiens d’une espèce petite, mais jolie, et des rats en grande quantité. Les habitants ont des poules domestiques absolument semblables aux nôtres. Nous avons aussi vu des tourterelles vertes charmantes, de gros pigeons d’un beau plumage bleu de roi et d’un très bon goût, et des perruches fort petites, mais fort singulières par le mélange de bleu et de rouge qui colorie leurs plumes. Ils ne nourrissent leurs cochons et leurs volailles qu’avec des bananes. Entre ce qui en a été consommé dans le séjour à terre et ce qui a été embarqué dans les deux navires, on a troqué plus de huit cents têtes de volailles et près de cent cinquante cochons ; encore, sans les travaux inquiétants des dernières