Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/347

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Il fut réglé que nous aurions journellement du cerf pour entretenir nos équipages à la viande fraîche pendant le séjour ; qu’on nous donnerait en partant dix-huit bœufs, quelques moutons et à peu près autant de volailles que nous en demanderions. Il fallut suppléer au pain par du riz ; c’est la nourriture des Hollandais.

Les insulaires vivent de pain de sagou qu’ils tirent du cœur d’un palmier auquel ils donnent ce nom ; ce pain ressemble à la cassave. Nous ne pûmes avoir cette abondance de légumes qui nous eût été si salutaire, les gens du pays n’en cultivent point. Le résident voulut bien en fournir, pour les malades, du jardin de la Compagnie.

Au reste, tout ici appartient à la Compagnie directement ou indirectement, gros et menu bétail, grains et denrées de toute espèce. Elle seule vend et achète. Les Maures, à la vérité, nous ont vendu des volailles, des chèvres, du poisson, des œufs et quelques fruits ; mais l’argent de cette vente ne leur restera pas longtemps : les Hollandais sauront bien le retirer pour des hardes fort simples, mais qui n’en sont pas moins chères. La chasse même du cerf n’est pas libre, le résident seul en a le droit. Il donne à ses chasseurs trois coups de poudre et de plomb, pour lesquels ils doivent apporter deux animaux qu’on leur paie alors six sols pièce. S’ils n’en rapportent qu’un, on retient, sur ce qui leur est dû, le prix d’un coup de poudre et de plomb. Dès le 3 au matin, nous établîmes nos malades à terre pour y coucher pendant notre séjour. Nous envoyions aussi journellement la plus grande partie des équipages se promener et se divertir. Je fis faire l’eau des navires et les divers transports par des esclaves de la Compagnie que le résident nous