Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à remarquer que, pendant les deux jours écoulés entre la vue des Salvages et celle de l’île de Fer, nous avons navigué avec un vent large, frais et assez égal, et qu’ainsi il doit y avoir eu bien peu d’erreur dans l’estime de notre route. D’ailleurs, le 18, nous relevâmes l’île de Palme au sud-ouest-quart-ouest corrigé, et selon M. Bellin, elle devait nous rester au sud-ouest. J’ai pu conclure de ces deux observations que M. Bellin a placé l’île des Salvages trente-deux minutes environ plus à l’ouest qu’elle n’y est effectivement.

Je pris donc un nouveau point de départ le 19 décembre à midi. Notre route n’eut depuis rien de particulier jusqu’à notre atterrage à la rivière de la Plata.

La nuit du 17 au 18 janvier, nous prîmes deux oiseaux, dont l’espèce est connue des marins sous le nom de charbonniers. Ils sont de la grosseur d’un pigeon. Ils ont le plumage d’un gris foncé ; le dessus de la tête blanc, entouré d’un cordon d’un gris plus noir que le reste du corps, le bec effilé, long de deux pouces et un peu recourbé par le bout, les yeux vifs, les pattes jaunes, semblables à celles des canards, la queue très fournie de plumes et arrondie par le bout, les ailes fort découpées et chacune d’environ huit à neuf pouces d’étendue. Les jours suivants nous vîmes beaucoup de ces oiseaux.