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trente-trois degrés vingt minutes de longitude occidentale du méridien de Paris. Il est donc certain, si ma longitude estimée est exacte, & je l’ai vérifié telle à l’attérage, que la ligne où il n’y a pas de variation, s’est encore avancée vers l’Ouest depuis les observations de Mountain & d’Obson, & qu’il semble que le progrès de cette ligne vers l'Ouest est assez uniforme. En effet,sur le même parallèle où William Mountain & Jacob d’Obson avoient trouvé douze à treize degrés de différence dans l'espace de quarante-quatre ans, j’en ai trouvé un peu plus de six degrés après un espace de vingt-deux ans. Cette progression mériteroit d'être constatée par une suite d’observations. La découverte de la loi que suivent ces changemens dans la déclinaison de l’aiguille aimantée, outre qu’elle fourniroit un moyen de conclure en mer les longitudes, nous conduiroit peut-être à celle des causes de cette variation, peut-être même à celle de la vertu magnétique. 4°. Au Nord & au Sud de la ligne, nous avons presque constamment observé des différences Nord assez grandes, quoiqu’il soit plus ordinaire de les y éprouver Sud.

Causes des différences qu'on éprouve dans la traversée au Brésil.

Nous eumes lieu d'en soupçonner la cause, lorsque, le 18 Janvier après-midi, nous traversâmes un banc de frai de poissons, qui s’étendoit à perte de vûe du Sud-Ouest quart d’Ouest au Nord-Est quart d’Est, sur une ligne d’un blanc rougeâtre, large d'environ deux brasses. Sa rencontre nous avertissoit que depuis plusieurs jours, les courans portoient au Nord-Est quart d’Est ; car tous les poissons déposent leurs œufs sur les côtes, d’où les courans les détachent & les entrainent dans leur lit en haute mer. En observant ces différences Nord, dont je viens de parler, je n’en avois point inféré qu'elles nécessitassent avec elles des différen-