Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/391

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ou introducteur des étrangers, qui lui donna rendez-vous au lendemain et lui dit que si je voulais descendre à terre il me conduirait chez le général.

Les visites, dans ce pays, se font de bonne heure, l’excessive chaleur y contraint. Nous partîmes à six heures du matin, conduits par le sabandar, M. Vanderluys, et nous allâmes trouver M. Van der Para, général des Indes orientales, lequel était dans une de ses maisons de plaisance à trois lieues de Batavia. Nous vîmes un homme simple et poli, qui nous reçut à merveille et nous offrit tous les secours dont nous pouvions avoir besoin. Il ne parut ni surpris ni fâché que nous eussions relâché aux îles Moluques ; il approuva même beaucoup la conduite du résident de Boëro et ses bons procédés à notre égard. Il consentit à ce que je misse nos malades à l’hôpital de la Compagnie et il envoya sur-le-champ l’ordre de les y recevoir. A l’égard des fournitures nécessaires aux vaisseaux du roi, il fut convenu qu’on remettrait les états de demandes au sabandar, qui serait chargé de nous pourvoir de tout. Un des droits de sa charge était de gagner et avec nous et avec les fournisseurs. Lorsque tout fut réglé, le général me demanda si je ne saluerais pas le pavillon ; je lui répondis que je le ferais, à condition que ce serait la place qui rendrait le salut et coup pour coup. “Rien n’est plus juste, me dit-il, et la citadelle a les ordres en conséquence.” Dès que Je fus de retour à bord, nous saluâmes de quinze coups de canon, et la ville répondit par le même nombre.

Je fis aussitôt descendre à l’hôpital les malades des deux navires au nombre de vingt-huit, les uns encore affectés du scorbut, les autres, en plus grand nombre, attaqués du flux de sang. On travailla aussi à remettre au sabandar