Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/392

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l’état de nos besoins, en biscuit, vin, farine, viande fraîche et légumes, et je le priai de nous faire fournir notre eau par les chalands de la Compagnie.

Nous songeâmes en même temps à nous loger en ville pour le temps de notre séjour. C’est ce que nous fîmes dans une grande et belle maison, que l’on appelle iner logment, dans laquelle on est logé et nourri pour deux risdales par jour, non compris les domestiques ; ce qui fait près d’une pistole de notre monnaie. Cette maison appartient à la Compagnie, qui l’afferme à un particulier, lequel a, par ce moyen, le privilège exclusif de loger tous les étrangers. Cependant les vaisseaux de guerre ne sont pas soumis à cette loi ; et, en conséquence, l’état-major de L’Étoile s’établit en pension dans une maison bourgeoise. Nous louâmes aussi plusieurs voitures, dont on ne saurait absolument se passer dans cette grande ville, voulant surtout en parcourir les environs plus beaux infiniment que la ville même. Ces voitures de louage sont à deux places, traînées par deux chevaux, et le prix, chaque jour, en est un peu plus de dix francs.

Nous rendîmes en corps, le troisième jour de notre arrivée, une visite de cérémonie au général, que le sabandar en avait prévenu. Il nous reçut dans une seconde maison de plaisance, nommée Jacatra, laquelle est à peu près au tiers de la distance de Batavia à la maison où j’avais été le premier jour. Je ne saurais mieux comparer le chemin qui y mène qu’aux plus beaux boulevards de Paris, en les supposant encore embellis à droite et à gauche par des canaux d’une eau courante. Nous eussions dû faire aussi d’autres visites d’étiquette, introduits de même par le sabandar, savoir chez le directeur général,