Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/407

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ou au commencement de novembre et dont le retour est célébré par de nouvelles fêtes. Lorsque nous étions à Boëro, M. Ouman se disposait à partir pour Amboine avec les orencaies de son île.

Les Hollandais ont maintenant la guerre avec les habitants de Ceram, île riche en clous. Ces insulaires ne veulent point laisser détruire leurs plants, et ils ont chassé la Compagnie de tous les postes principaux qu’elle occupait sur leur terrain : elle n’a conservé que le petit comptoir de Savai, situé dans la partie septentrionale de l’île, où elle tient un sergent et quinze hommes. Les Ceramois ont des armes à feu et de la poudre, et tous, indépendamment d’un patois national, parlent bien le malais. Les Papous sont aussi continuellement en guerre avec la Compagnie et ses vassaux. On leur a vu des bâtiments armés de pierriers et montés de deux cents hommes. Le roi de Salviati, l’une de leurs plus grandes îles, vient d’être arrêté par surprise, comme il allait rendre hommage au roi de Ternate, duquel il est vassal, et les Hollandais le retiennent prisonnier.

Quoi de plus sage que le plan que nous venons d’exposer ? Quelles mesures pouvaient être mieux concertées pour établir et pour soutenir un commerce exclusif ? Aussi la Compagnie en jouit-elle depuis longtemps, et c’est à quoi elle doit cet état de splendeur qui la rend plus semblable à une puissante république qu’à une société de marchands. Mais, ou je me trompe fort, ou le temps n’est pas loin auquel ce commerce précieux doit recevoir de mortelles atteintes. J’oserai le dire, pour en détruire l’exclusion, il n’y a qu’à le vouloir. La meilleure sauvegarde des Hollandais est l’ignorance du reste de l’Europe sur