Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/409

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de vingt-six canons, vint à l’entrée de Savaï, s’y fit donner à coups de fusils un pilote pour le conduire au mouillage et commit beaucoup de vexations dans ce faible comptoir. Il fit aussi je ne sais quelle tentative chez les Papous, mais elle ne lui réussit pas.

Sa chaloupe fut enlevée par ces Indiens, et tous les Européens qui étaient dedans, y compris un garde de la marine qui la commandait, furent faits prisonniers et depuis attachés à des poteaux, circoncis et massacrés dans les tourments.

Il semble, au reste, que les Anglais ne veulent point cacher leurs projets à la Compagnie hollandaise. Il y a quatre ans qu’ils établissent un poste dans une des îles des Papous, nommée Soloc ou Tafara. J’ignore quel fut le fondateur de cet établissement mais les Anglais ne l’ont gardé que trois ans. Ils viennent de l’abandonner, et le gouverneur a passé à Batavia en 1768 sur le Patty, capitaine Dodwell, d’où il s’est rendu à Bancoul, où le Patty a coulé bas dans la rade. Ce poste fournissait des nids d’oiseaux, de la nacre, des dents d’éléphant, des perles et des tripans ou swalopps, espèce de glu ou d’écume dont les Chinois font grand cas. Ce que je trouve merveilleux, c’est qu’ils venaient vendre leurs cargaisons à Batavia, je le sais du négociant qui les y achetait. Le même homme m’a assuré que les Anglais avaient aussi des épiceries par le moyen de ce poste ; peut-être les tiraient-ils des Ceramois.

Pourquoi l’ont-ils abandonné ? C’est ce que j’ignore. Il se peut qu’ayant déjà levé un grand nombre de plants d’épiceries, les ayant transplantés dans quelqu’une de leurs possessions aux Indes, et se croyant assurés de leur réussite, ils aient abandonné