Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/415

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Nous avions eu connaissance de l’île Ronde le 7 à midi ; à cinq heures du soir, nous étions nord et sud de son milieu. Nous tirâmes du canon à l’entrée de la nuit, espérant qu’on allumerait le feu de la pointe aux Canonniers ; mais ce feu, mentionné par M. d’Après dans son instruction, ne s’allume plus, de manière qu’après avoir doublé le coin de Mire qu’on peut ranger d’aussi près qu’on veut, je me trouvai fort embarrassé pour éviter la batture dangereuse qui avance plus d’une demi-lieue au large de la pointe aux Canonniers. Je louvoyai, afin de m’entretenir au vent du port, tirant de temps en temps un coup de canon ; enfin, entre onze heures et minuit, il vint à bord un des pilotes du port entretenus par le roi. Je me croyais hors de peine, et je lui avais remis la conduite du bâtiment, lorsque à trois heures et demie il nous échoua près de la baie des Tombeaux.

Par bonheur il n’y avait pas de mer, et la manœuvre que nous fîmes rapidement pour tâcher d’abattre du côté du large nous réussit ; mais que l’on conçoive quelle douleur mortelle c’eût été pour nous, après tant de dangers nécessaires heureusement évités, de venir