Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/420

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matin, et j’avais diminué de voiles pour ne pas le dépasser, afin de le suivre en cas qu’il voulut entrer de nuit. A sept heures du soir, il amena perroquets, bonnettes, et même ses huniers ; pour lors je pris le bord du large, et je louvoyai toute la nuit avec un grand frais de vent de sud, variable du sud-sud-est au sud-sud-ouest. Au point du jour, les courants nous avaient entraînés de près de neuf lieues dans l’ouest-nord-ouest ; le vaisseau hollandais était à plus de quatre lieues sous le vent à nous. Il fallut forcer de voiles pour regagner ce que nous avions perdu. À neuf heures du matin, nous mouillâmes dans la baie du Cap, à la tête de la rade. Il y avait ici quatorze grands navires de toutes nations, et il en arriva plusieurs autres pendant le séjour que nous y fîmes. M. Carteret en était sorti le jour des Rois. Nous saluâmes de quinze coups de canon la ville, qui nous en rendit un pareil nombre.

Nous eûmes tout lieu de nous louer du gouverneur et des habitants du cap de Bonne-Espérance ; ils s’empressèrent de nous procurer l’utile et l’agréable. Je ne m’arrêterai point à décrire cette place que tout le monde connaît. Le Cap relève immédiatement de l’Europe et n’est point dans la dépendance de Batavia, ni pour l’administration militaire et civile, ni pour la nomination des emplois. Il suffit même d’en avoir exercé un au Cap pour n’en pouvoir