Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/419

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de la pluie. Nous ne pûmes avoir connaissance de l’île de Bourbon. A mesure que nous nous éloignâmes, le temps devint plus beau. Le vent était favorable et frais, mais bientôt notre nouveau grand mât nous causa les mêmes inquiétudes que le premier, Il faisait à la tête un arc si considérable que je n’osai me servir du grand perroquet ni porter le hunier tout haut.

Depuis le 22 décembre jusqu’au 8 janvier, nous eûmes constamment vent debout, mauvais temps ou calme. Ces vents d’ouest étaient, me disait-on, sans exemple ici dans cette saison. Ils ne nous en molestèrent pas moins quinze jours de suite que nous passâmes à la cape ou à louvoyer avec une très grosse mer. Nous eûmes la connaissance de la côte d’Afrique avant que d’avoir eu la sonde. Lors de la vue de cette terre que nous prîmes pour le cap des Basses, nous n’avions pas de fonds. Le 30 nous trouvâmes soixante-dix-huit brasses, et, depuis ce jour nous nous entretînmes sur le banc des Eguilles, avec la vue presque continuelle de la côte. Bientôt, nous rencontrâmes plusieurs navires hollandais de la flotte de Batavia. L’avant-coureur en était parti le 20 octobre et la flotte le 26 novembre : les Hollandais étaient encore plus surpris que nous de ces vents d’ouest qui soufflaient ainsi contre saison.

Enfin, le 8 janvier au matin, nous eûmes connaissance du cap False, et, bientôt après, la vue des terres du cap de Bonne-Espérance. J’observai qu’à cinq lieues dans l’est-sud-est du cap False, il y a une roche sous l’eau fort dangereuse ; qu’à l’est du cap de Bonne Espérance est un récif qui s’avance plus d’un tiers de lieue au large, et au pied du cap même un rocher qui met au large à la même distance. J’avais atteint un vaisseau hollandais aperçu le