Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/423

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Le gouvernement envoie de temps en temps des caravanes visiter l’intérieur du pays. Il s’en est fait une de huit mois en 1763. Le détachement perça dans le nord et fit, m’a-t-on assuré, des découvertes importantes ; ce voyage n’eut pas cependant le succès qu’on devait s’en promettre ; le mécontentement et la discorde se mirent dans le détachement et forcèrent le chef à revenir sur ses pas, laissant ses découvertes imparfaites. Les Hollandais avaient eu connaissance d’une nation jaune, dont les cheveux sont longs, et qui leur a paru très farouche.

C’est dans ce voyage que l’on a trouvé le quadrupède de dix-sept pieds de hauteur, dont j’ai remis le dessin à M. de Buffon ; c’était une femelle qui allaitait un faon dont la hauteur n’était encore que de sept pieds.

On tua la mère, le faon fut pris vivant, mais il mourut après quelques jours de marche. M. de Buffon m’a assuré que cet animal est celui que les naturalistes nomment la girafe. On n’en avait pas revu depuis celui qui fut apporté à Rome du temps de César, et montré à l’amphithéâtre. On a aussi trouvé il y a trois ans, et apporté au Cap, où il n’a vécu que deux mois, un quadrupède d’une grande beauté, lequel tient du taureau, du cheval et du cerf, et dont le genre est absolument nouveau. J’ai pareillement remis à M. de Buffon le dessin exact de cet animal dont je crois que la force et la vitesse égalent la beauté. Ce n’est pas sans raison que l’Afrique a été nommée la mère des monstres. Munis de bons vivres, de vins et de rafraîchissements de toute espèce, nous appareillâmes de la rade du Cap le 17 après midi. Nous passâmes entre l’île Roben et la côte ; à six heures du soir, le milieu de cette île nous restait au sud-sud-est-4-sud