Page:De Bougainville - Voyage autour du monde, 1771.djvu/424

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environ à quatre lieues de distance ; c’est d’où je pris mon point de départ par quarante-trois degrés quarante minutes de latitude sud, et quinze degrés quarante-huit minutes de longitude orientale de Paris. Je désirais de rejoindre M. Carteret sur lequel j’avais certainement un grand avantage de marche, mais qui avait encore onze jours d’avance sur moi.

Je dirigeai ma route pour prendre connaissance de l’île Sainte-Hélène, afin de m’assurer la relâche à l’Ascension, relâche qui devait faire le salut de mon équipage. Effectivement, nous en eûmes la vue le 29 à deux heures après midi, et le relèvement que nous en fîmes ne nous donna de différence avec l’estime de notre route que huit à dix lieues. La nuit du 3 au 4 février étant par la latitude de l’Ascension et m’en faisant environ à dix-huit lieues de distance, je fis courir sous les deux huniers. Au point du jour, nous vîmes l’île à peu près à neuf lieues de distance, et à onze heures nous mouillâmes dans l’anse du nord-ouest ou de la montagne de la Croix, par douze brasses, fond de sable de corail. Suivant les observations de M, l’abbé de la Caille, nous étions à ce mouillage par sept degrés cinquante-quatre minutes de latitude sud, et seize degrés dix-neuf minutes de longitude occidentale de Paris.

A peine eûmes-nous jeté l’ancre que je fis mettre les bateaux à la mer et partir trois détachements pour la pêche de la tortue ; le premier dans l’anse du Nord-Est ; le second dans l’anse du Nord-Ouest, vis-à-vis de laquelle nous étions ; le troisième dans l’anse aux Anglais, laquelle est dans le sud-ouest de l’île. Tout nous promettait une pêche favorable ; il n’y avait point d’autre navire que le nôtre, la saison était avantageuse et nous entrions en nouvelle lune. Aussitôt après le départ des détachements, je fis toutes mes dispositions pour jumeler, au-dessous du capelage,