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prologue

Samuel, fort intrigué, permit qu’on introduisît sur le champ ce visiteur impatient. Le solliciteur n’attendait qu’un signe. À l’instant, il s’approcha.

Le comte Samuel referma la porte. Puis, une à une, il prit les bougies des candélabres, les alluma à la flamme du foyer et les remit à leur place.

« Je vous écoute, dit-il en indiquant un siège et en reprenant le sien. »

« Il s’agit d’une affaire grave ; c’est mon excuse d’avoir insisté pour obtenir une entrevue immédiate, dit le nouveau venu, sans plus de cérémonie. Mais, tout d’abord, veuillez me pardonner si je suis obligé de vous parler de moi-même : il est indispensable que vous connaissiez mon histoire. »

« Je vous écoute, Monsieur, répéta le comte en s’appuyant du coude au bras de son fauteuil. »

« Oh ! ça ne sera pas long ; mon histoire a été courte. Oui, elle a été, souligna-t-il, car survivre à ses illusions, ce n’est plus que subir une longue agonie !… Je suis le duc d’Alombrès. »

« Le duc d’Alombrès ? » répéta le comte avec étonnement. Mais son interlocuteur, ému par de tragiques réminiscences, ne fit pas attention à cette interruption.

« J’ai trente ans, et déjà la vie n’est plus qu’un fardeau à mon cœur désabusé ! »

Et cet homme à l’allure fière se tut un instant,