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prologue

bons sentiments, comme des doigts sacrilèges pinçant un à un les cierges de l’autel. »

— Le comte écoutait dans une immobilité de statue. Depuis que le nom d’Alombrès avait été prononcé, un pli s’était creusé entre ses sourcils.

Le visiteur s’arrêta un instant, épongeant son front.

— « Pardonnez-moi, Monsieur le comte, ce long étalage de misères, mais ne fallait-il pas exposer devant vous les pièces du procès, puisque vous serez mon juge ! »

— « Moi ? » fit involontairement le comte. Et sans qu’il comprît pourquoi, il sentit la vague anxiété qui peu à peu s’était profilée dans son âme, grandir soudain et se préciser.

Posant nerveusement sa main sur le poignet de son visiteur, il lui dit : — « Parlez ! oh ! parlez vite ; dites-moi la fin de cette tragique aventure ! »

— « Un peu de patience, Monseigneur, j’achève. Mon désenchantement était tel que je n’aurais même pas songé à les poursuivre, s’ils ne m’avaient volé mes parchemins. »

Le comte était devenu plus blanc que la dentelle de son jabot.

— « Oh ! oh ! gémit-il, cela est impossible ! je fais un mauvais rêve ! »

Il tremblait visiblement ; son interlocuteur s’en aperçut :

— « Qu’avez-vous ? Monsieur le comte, qu’avez-