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hivernement chez les sauvages

dans la crainte de l’y voir périr. L’intrépide découvreur fut donc forcé de remettre à une autre année la réalisation du rêve qu’il caressait. Le dix juin, il prit congé de Tessouat et repartit pour le Sault Saint-Louis, où il arriva sept jours plus tard, accompagné d’une centaine de sauvages qui venaient faire la traite.

Avant de se séparer de ses nouveaux amis, Champlain leur confia deux jeunes hommes, Philippe de Savigny et Paul Guertal, qui désiraient aller étudier sur les lieux la langue et les mœurs des Algonquins.

Le Soir, vaillant chef qui s’était chargé de leur entretien, traita ses hôtes avec considération, et s’efforça de leur rendre la vie heureuse.

Il les installa dans sa cabane où il vivait avec La Source, sa fille, âgée de dix-huit ans, et Le Carcois, un Iroquois de vingt deux ans qu’il avait adopté en remplacement de son fils tué à la guerre. Ce jeune homme, remarquable déjà par sa beauté et sa force, possédait une supériorité de jugement si bien établie, que son tuteur ne manquait jamais de le consulter aux heures solennelles, et qu’il suivait presque toujours ses avis. Ceux de son âge le traitaient en aîné ; et si quelqu’un le jalousait tout bas, nul n’aurait osé l’avouer tout haut, car Le Carcois joignait à l’éloquence si appréciée des naturels, une bravoure